Se concentrer sur une activité, c'est demander à son cerveau de faire continûment le tri entre ce qui est utile pour cette activité et ce qui ne l'est pas ("Est-ce utile de jeter un œil à ses mails en pleine rédaction d'un texte comme celui-ci ? Pas vraiment, finalement").

Dans notre cerveau, notre système attentionnel n'a donc pas la tâche facile puisqu'il doit analyser en une fraction de seconde chaque événement qui survient, qu'il soit externe (le miaulement du chat, le son du nouveau message sur notre téléphone) ou interne (l'envie soudaine de répondre à ce message) pour décider de son utilité par rapport à ce que nous nous sommes donné à faire quelques secondes ou quelques minutes auparavant : c'est-à-dire par rapport à notre intention du moment.

Ce système fonctionne merveilleusement bien tant que cette intention est très claire ("Trouver Charlie dans cette scène de centre ville"), unique ("Essayez donc de chercher en même temps Charlie, son chien et une guitare") et à court terme (tous ceux qui se sont un jour retrouvés dans leur cuisine sans savoir ce qu'ils étaient partis chercher savent que les intentions s'oublient très rapidement).

Avec une intention claire, notre cerveau peut se spécialiser temporairement pour atteindre cet objectif précis, sans même que nous ayons à y réfléchir : il ajustera ainsi la sensibilité de certaines parties du système visuel pour mieux remarquer les pulls rayés blanc et rouge et trouver facilement Charlie ; tout comme il pourra, dans un autre contexte, se rendre plus sensible aux fautes d'accord des verbes dans un texte.

Comme Barbapapa se transformant en échelle ou en abribus selon les besoins, le cerveau peut donc s'adapter à ce qu'il doit faire et ainsi se "concentrer". Mais ce mécanisme a ses limites, qui l'empêchent de se spécialiser - comme Barbapapa - dans deux activités différentes et compliquées en même temps ou en succession rapide. C'est pourquoi il est si difficile de réfléchir à sa liste de courses tout en surveillant des enfants turbulents, ou d'écrire un mail tout en veillant à ne surtout pas oublier l'inscription au poney, et le contrôle technique, de mettre le four à préchauffer, etc.

Retenez donc ceci : pour être bien concentré, le cerveau a besoin d'objectifs précis et simples qui définissent le plus clairement possible ce qu'il doit considérer comme important. D'ailleurs, n'est-il pas plus facile de démarrer une activité avec une intention claire en tête plutôt qu'avec un objectif vague, du type "organiser les prochaines vacances" ? Les procrastinateurs pourront témoigner.